Avocats et médias, une question déontologique délicate
Voici des extraits de l'article "Jusqu'où l'avocat peut-il aller dans la confidence avec les médias" de Marie Bucaille, publié par le quotidien en ligne Actuel Avocat, le 25 octobre 2012.
Extrait n°1 : "Eric Dupond-Moretti, à plusieurs reprises, notamment dans l'émission "Ce soir ou jamais" de Frédéric Tadeï du 9 octobre dernier, a tenu à énoncer les faits dans l'intérêt de ses clients, alors même que l'affaire n'en est encore qu'au stade de l'instruction. Un exercice de la plaidoirie en dehors des tribunaux que sa consœur Laure Heinich-Luijer a aussi utilisé en s'exprimant dans le quotidien Libération après le verdict. L'article repris sur le site rue89 dont l'avocate est l'une des bloggeuses, a déplacé le procès, pourtant tenu à huit clos, dans la sphère publique. A priori, toujours dans la volonté de continuer à défendre ses clientes, visiblement peu entendues par la cour d'assisses de Créteil (ndlr : un appel de la décision a été formé). "C'est uniquement parce qu'il défend une personne que l'avocat est habilité à enfreindre dans certaines circonstances exceptionnelles son secret professionnel en s'exprimant dans les médias et cette préoccupation doit le guider dans la parole publique qu'il donne", insiste le bâtonnier parisien Christiane Féral-Schuhl, lors de la conférence sur "Les renouvellements de la liberté d'expression", à la Maison du Barreau, le 4 octobre dernier. "
Extrait n°2 : "Depuis l'arrêt Mor c/France, du 15 décembre 2011, la Cour Européenne des Droits de l'Homme autorise les avocats à faire des interventions intempestives dans les médias sur les affaires en cours. Cependant, "la limite à cette liberté d'expression semble être le principe déontologique de la délicatesse", argumente le professeur Pierre-Yves Gaultier. Cousine de la dignité, diverse et subtile, la notion de délicatesse reste difficile à établir. En simplifiant, elle interdit tout ce qui peut heurter la sensibilité d'autrui. Les confidences de l'avocat faites aux médias, en accord avec son client, semblent donc relever totalement de son intime conviction et de sa propre conscience."