La relative liberté d'expression des avocats aux Etats-Unis
Surnommée "la République des avocats", par les médias, les Etats-Unis, donnent une réelle importance à ces derniers. Au-devant de la scène, se trouvent les avocats d'affaires de grands cabinets privés spécialistes des marchés, des pays émergents, des class actions, etc. Beaucoup moins médiatisés, les "public defender", qui rencontrent les même limites.
L’encadrement strict des relations presses
Dans ce pays où poursuivre est aisé, les avocats se montrent de plus en plus prudents. « Je n’ai aucun contact avec les médias et je ne souhaite pas en avoir, à part à la demande expresse de mon client. » explique un avocat exerçant dans un cabinet international basé à Washington. Les hommes de droit du secteur public font preuve d’une retenue similaire dans leurs rapports à la presse : « Dans ma division « affirmative litigation division » de la ville de New-York une personne s’occupe des relations presse. Dans le cas où l’une des affaires que je traite s’avère médiatiquement délicate, l’avocat général y répond. Je n’ai pas de contacts directs avec les médias », confirme William Miler, avocat auprès de la ville de New-York.
Cependant dans certains cas, comme des litiges importants ou des « class actions », les avocats se transforment en attachés de presse de leur clients (communiqués de presse, voire même parfois interventions télévisées). C’est là que l’exercice devient difficile : « Nous savons que les médias sortent du contexte ce que nous allons leur dire, et même s’il est rare qu’un avocat soit poursuivi en justice par son client, nous disposons tous d’assurances pour nous protéger. », explique Eric Belin du cabinet Provosty & Gankendorff, L.L.C.
La crainte du conflit d’intérêts
La liberté avec les clients semble elle aussi toute relative, voire inexistante pour des avocats ayant choisi la carrière du service public : « En tant que salarié de la ville de New-York je ne peux disposer d’une clientèle privée et donc choisir mes clients, le risque de conflit d’intérêt est beaucoup trop important. Je n’ai aucun droit de représentation devant une cour, y compris en cas de pro bono », indique William Miler. « Pour ma part, j’interviens dans la négociation qu’à la demande expresse de mon département », explique Julien Meyer, avocat au département juridique de la ville de la Nouvelle-Orléans. Enfin, selon cet avocat d’affaire à Washington, la règle semble être la même qu’en France : « Même si cela est permis, je n’accepterai pas un nouveau dossier qui pourrait mettre mal à l’aise l’un de mes clients. D’autant plus, qu’en tant que membre du barreau de Virginie et de celui du district de Columbia, je peux être poursuivi par des sanctions disciplinaires, voire même être interdit d’exercer en cas d’infractions flagrantes à notre déontologie. »
En dépit de ces limites, aux Etats-Unis l’hésitation entre une carrière dans un cabinet privé contre une dans le service public ne dure jamais très longtemps : la première option assure une rémunération trois ou quatre fois supérieure pour un avocat en début de carrière.
Article publié sur le site du quotidien en ligne Actuel Avocat, dans l'édition du 04 décembre 2012.